Le Courrier de l'UNESCO - Volume 2023, Issue 6, 2023

Construite à la fin du xixe siècle à San Isidro, au nord de Buenos Aires, la Villa Ocampo est bien plus qu’une résidence bourgeoise de la Belle époque. Elle bruisse encore de l’écho des conversations des nombreux artistes qui y ont séjourné à l’invitation de la légendaire maîtresse des lieux : Victoria Ocampo. Léguée à l’UNESCO en 1973, cette maison est aujourd’hui un lieu culturel ouvert au public.

Engagée, mécène, féministe avant l’heure, figure emblématique du monde de la culture, Victoria Ocampo fut tout cela. Mais c’est son inlassable travail en faveur des écrivains qu’elle a côtoyés et publiés dans sa revue Sur qui lui a valu de passer à la postérité.

Les convergences entre la pensée de l’écrivaine et le mandat de l’Organisation sont nombreuses. Histoire d’un lien étroit.

En ouvrant grandes les portes de sa maison, Victoria Ocampo entendait initier un dialogue fécond entre les intellectuels et les artistes de son temps. García Lorca, Stravinsky, parmi bien d’autres, y ont fait escale quelques jours ou plusieurs mois. Infatigable mécène, elle n’a pas hésité à se défaire de certains effets personnels pour donner vie à son projet, dans lequel l’amitié occupait une place centrale.

Femme libre, engagée, obstinée, Victoria Ocampo s’est inscrite dans une perspective de genre, à une époque où le mot n’existait pas encore. En investissant le milieu culturel, elle a tracé un chemin et reste un repère pour le mouvement féministe.

Publication engagée et d’avant-garde, la mythique revue Sur, fondée par Victoria Ocampo, a publié des auteurs majeurs du xxe siècle. Si elle a cessé de paraître en 1993, la maison d’édition du même nom poursuit ses activités.

Manuel Ocampo et sa fille ont façonné avec beaucoup de soin ce parc exceptionnel qui s’étendait jadis jusqu’au fleuve.

Le 15 janvier 1973, l’UNESCO s’est vu offrir en donation par deux citoyennes argentines, Mme Victoria Ocampo et sa soeur, Mme Angélica Ocampo, un ensemble de propriétés, dont une spacieuse résidence, la Villa Ocampo, à San Isidro, Buenos Aires. Cette villa est destinée, selon le souhait de sa donatrice Mme Victoria Ocampo, à être utilisée pour servir « la promotion, l’étude, l’expérimentation et le développement d’activités intéressant la culture, la littérature, l’art et la communication sociale et tendant à améliorer la qualité de la vie »… Cette propriété pourrait abriter « particulièrement des ateliers permanents, des programmes de recherche, d’expérimentation ou de réalisations cinématographiques, télévisées, théâtrales, musicales ou littéraires, d’activités de traduction ou de nouvelles formes d’expression et de communication, ainsi que des types et des techniques nouvelles de création culturelle et artistique et d’éducation artistique ».