Le Courrier de l'UNESCO - Volume 2023, Issue 3, 2023

En 2015, un film en accéléré réalisé par l’agence spatiale américaine (NASA) montrait la Terre en train de « respirer ». D’avril à septembre, les forêts boréales de Sibérie, de Scandinavie et d’Amérique du Nord prennent vie et verdissent une grande partie de l’hémisphère Nord, avant de régresser avec l’arrivée de l’hiver. Dans l’hémisphère Sud, l’animation montre le processus inverse, la partie verte s’allongeant et reculant sur la carte avec la course du soleil. Les trois plus grandes forêts tropicales du monde, en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Indonésie, dessinent des zones d’un vert profond de part et d’autre de l’équateur.

Les vieilles bâtisses coloniales de l’université de Kisangani en République démocratique du Congo (RDC) n’ont pas toujours été dédiées à l’étude des sciences de l’environnement. Les bâtiments décrépis en brique rouge abritaient des entrepôts de tabac jusque dans les années 1970. C’est à cette époque que les premiers arbustes ont été plantés dans la cour de cette ancienne usine, par un biologiste polonais.

À Krudthus, à une trentaine de kilomètres au nord de Copenhague, les enfants de la maternelle de la forêt passent la plupart de leurs journées en plein air. Ils s’affairent à identifier les insectes dissimulés sous les pierres et les branches tombées au sol, à suivre le rythme des saisons à travers l’évolution des arbres ou encore apprendre le cycle de la vie en observant la décomposition des plantes et des animaux morts. Entre deux activités, ils gambadent avant d’aller pêcher ou de faire du vélo au milieu des massifs d’anémones.

En 2016, dans le district de Leye, ville de Baise, région autonome zhuang du Guangxi en Chine, mon équipe et moi-même sommes descendus au fond du tiankeng de Dashiwei, à 600 mètres de profondeur. Le terme tiankeng, ou puits céleste, désigne les vastes dépressions d’effondrement aux parois abruptes, ou dolines, qui se sont formées pendant des millions d’années dans des strates de roches carbonatées.

Tari, Papouasie-Nouvelle-Guinée, 1965. Un garçon naît sur un tapis de feuilles de ficus très anciens dans la forêt des hautes terres. Son nom, Mundiya, se prononce « Moundidjê ».

La valeur d’un arbre abattu est facile à quantifier : le cours du bois d’oeuvre s’élève actuellement à près de 350 dollars. Mais quelle est celle d’un arbre sur pied ? Comment évaluer ce qu’il apporte à la biodiversité, au climat, à la vie humaine et à l’agriculture ? Une forêt fournit en effet un refuge pour les oiseaux, retient le carbone, garde la fraîcheur et régule les précipitations. Mais la valeur marchande des services écologiques qu’elle rend est difficile à évaluer. Une nouvelle idée a donc germé.

« Si la forêt est toujours là, c’est grâce aux populations autochtones. Aujourd’hui, c’est la mission la plus importante car la forêt protège non seulement notre vie, mais aussi celle de l’humanité », déclare Txai Suruí, militante du peuple Paiter Suruí et coordinatrice du mouvement de la jeunesse autochtone du Rondônia, au Brésil.

Vincent Beaubien a besoin de se rendre régulièrement en forêt. Il va y pique-niquer au coin du feu, dormir ou simplement se promener. Contremaître dans le bâtiment, cet homme de 33 ans qui vit à Delson, dans la banlieue de Montréal, ressent les bienfaits de ce contact avec les arbres après quelques pas dans les bois. « Cela me procure l’apaisement et la sérénité dont j’ai besoin. Ce sont des émotions que j’emporte avec moi. »

Depuis son plus jeune âge, Erika Barnett, issue de la communauté seri, au nord-est du Mexique, voyait les plantules de mangroves se faire emporter par les vagues. Elle en ramassait alors de jeunes pousses pour les rapporter chez elle, sur la côte.

Elles nous sont à la fois étrangères et familières. Ce sont des photos d’avant l’ère du numérique et des selfies, d’avant Instagram. De leurs couleurs vintage et du grain argentique sourd un curieux parfum d’innocence, de mélancolie aussi. Les protagonistes n’ont pas de nom. On ne sait rien d’eux ni de celui – ou celle – qui a fixé un jour sur pellicule ces scènes de vie ordinaire. Tout juste connaît-on le pays d’origine et l’année (dans la série présentée ici, des images prises aux États-Unis et au Royaume-Uni entre les années 1950 et 1970).

Le mot « viking » a longtemps évoqué un homme grand et musclé brandissant une arme, coiffé d’un casque, se tenant hardiment à la proue d’un navire, prêt à piller et incendier. Mais aujourd’hui, sous l’effet des recherches interdisciplinaires et de l’omniprésence de l’histoire médiévale non seulement dans les musées et les universités, mais aussi au cinéma et sur les réseaux sociaux, notre vision des Vikings a changé.

Le recul de la biodiversité menace la survie d’innombrables espèces et la stabilité des écosystèmes de notre planète. Le problème se pose avec une acuité particulière pour les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui représentent plus d’un cinquième de la biodiversité mondiale.