Le Courrier de l'UNESCO - Volume 2024, Issue 3, 2024

Longtemps réduite au silence, la mémoire de la traite des esclaves africains a commencé à émerger au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Si elle bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance symbolique à travers des lois mémorielles et des commémorations nationales ou internationales, ses effets continuent à se faire vivement sentir. En témoignent les manifestations de discrimination et de racisme qui affectent aujourd’hui encore les afrodescendants.

Dans toute la région, les violences infligées dans le contexte de l’esclavage ont laissé des traces profondes et multiples. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander réparation, y compris sur le plan financier.

Majoritaires dans les exploitations coloniales dès le xviiie siècle, les femmes constituaient un rouage essentiel de l’entreprise esclavagiste, autant pour leur force de travail que pour leur fertilité. La place qu’elles occupent dans les recherches historiques a pourtant été très longtemps marginale.

Avec Bow’t, la chorégraphe québécoise Rhodnie Désir dit le vécu des esclaves déportés en mêlant danses traditionnelles et influences contemporaines. Ce solo intime s’est enrichi et transformé au gré d’une recherche sur les cultures rythmiques des afrodescendants, qui l’a menée du Mexique aux États-Unis en passant par Haïti ou le Brésil.

Symbole de la tragédie engendrée par la traite transatlantique, l’île sénégalaise est devenue une destination phare du tourisme mémoriel qui attire chaque année des dizaines de milliers de visiteurs, parmi lesquels de nombreux afrodescendants venus de l’étranger.

Créés par des esclaves ayant fui le travail forcé ou par des communautés noires après l’abolition de l’esclavage, les quilombos demeurent des espaces de mémoire et de résistance. Mais beaucoup sont aujourd’hui menacés par des projets fonciers.

Au début des années 1960, l’écrivain et ethnologue cubain Miguel Barnet recueille le témoignage d’un afrodescendant de 104 ans, Esteban Montejo. Document unique sur la condition des captifs et les violences du système esclavagiste, le récit qu’il en a tiré a connu un immense retentissement.

Qui a dit que le skate était un sport masculin qui se pratique en jean et sweat à capuche ? Certainement pas les skateuses boliviennes du collectif ImillaSkate, qui dévalent sans complexe les pentes de Cochabamba, la troisième ville du pays. Depuis la création de ce collectif, en 2019, elles ont choisi de pratiquer ce sport en pollera, la volumineuse jupe traditionnelle. Introduite lors de la conquête espagnole au xvie siècle, elle a fini par faire partie intégrante de l’identité des cholitas, les femmes autochtones des hauts plateaux andins.

Saturation des transports, hausse vertigineuse du prix de l’immobilier, dégradation des écosystèmes : la fréquentation excessive de nombreux sites pénalise lourdement les habitants. De Barcelone à Venise en passant par Kyoto ou Bali, les autorités commencent à prendre des mesures pour tenter d’endiguer les flux de visiteurs sans tarir cette importante source de revenus. Un équilibre difficile à trouver.

Écrivain majeur de la Caraïbe, Patrick Chamoiseau a publié de nombreux essais et romans, parmi lesquels Texaco, couronné par le prix Goncourt en 1992. Ce natif de la Martinique, héritier d’Aimé Césaire et d’Édouard Glissant, a aussi contribué à forger le concept de créolité, qui place la langue créole au coeur d’un projet d’émancipation et de réflexion sur le métissage des cultures. Rappelant qu’il n’existe pas de hiérarchie entre les langues, il nous invite à nous affranchir d’un imaginaire monolingue forcément sclérosant.

Le 15 avril, le deuxième Forum du Courrier s’est tenu au siège de l’UNESCO. Deux panels d’experts internationaux ont débattu de l’importance historique des échanges culturels le long des Routes de la soie, mais aussi du dialogue interculturel et de l’apprentissage mutuel dans le monde contemporain.